Rebecca Armstrong, qui intervenait le 12 novembre lors de la soirée « Coop d’envoi » de lancement de la coopérative politique et citoyenne, a eu la gentillesse de nous envoyer ce témoignage suite à l’événement :
La rencontre d’une ville débute souvent au fil des rues. Ce sont d’abord les couleurs : la Garonne, la brique. Puis les visages et leurs voix, lors de manifestations notamment. Puis les lieux, d’écriture ces lieux, surtout : poésie, cinéma, librairies, théâtres.
Puis les dynamiques.
Je balbutie encore la langue que la ville m’invite à découvrir. Toulouse, depuis presque un an maintenant… En ce premier automne, mes pas sont invités à rejoindre la salle Osète. Plein centre ville. Les couleurs, en cette soirée du 12 novembre y sont arc-en-ciel, les visages joyeux et les voix accueillantes.
Je ne connais pas encore l’Archipel Citoyen. J’en ai rencontré quelques membres. J’ai vu le film Le goût de la politique. Je veux en savoir plus, alors j’ai dit oui, je serai là, poussée par l’envie d’expérimenter ce que je pressens comme un foisonnement créatif, vers des récits à écrire autrement.
Mon parcours professionnel m’a donné l’occasion de voir émerger et/ou d’accompagner des dynamiques participatives locales, portées par des collectifs, des associations, des collectivités. Je suis d’autant plus curieuse de cet archipel, de ce tissu d’îles qui font réseau, qui font écosystème.
12 novembre 19h. L’heure du Coop d’envoi… car c’est une coopérative politique qui se lance, « un rassemblement des forces politiques, associatives et citoyennes » pour bâtir un projet municipal en prévision des élections du printemps 2026.
La salle est comble. Passés les mots d’accueil et le jeu du brise-glace, quelques rapides interventions viennent interroger le terme de coopérative : Un statut juridique ? Une forme d’investissement de long terme ? Un espace d’apprentissage réel du partage du pouvoir ? Un processus de réappropriation ou d’invention d’un langage commun ? Un lieu de camaraderie ? Une grande responsabilité ? Tout ça à la fois, un peu, beaucoup, passionnément. De la passion il y en a dans la salle lorsque les ateliers s’organisent. Les chaises se déplacent et partout forment des cercles de parole : l’archipel se dessine dans l’espace et dans la chaleur des discussions. Comment organiser la coopérative ? Autour de quelles propositions ? Comment mobiliser les gens ?
Ils sont ici de tous les âges. Dans le cercle auquel je participe, des voix sont timides, au début puis se font entendre : la coopérative doit parler avec d’autres initiatives en France et en Europe ! Elle doit être exemplaire dans son fonctionnement interne et proposer une vision exemplaire s’inscrivant dans l’Accord de Paris ! Elle doit écrire un projet qui vise la victoire aux municipales mais qui existera même si sa future liste ne l’emporte pas ! Elle doit proposer et faire vivre une démocratie permanente ! Elle doit lutter contre toutes les violences !
Les idées sont vives et déjà esquissent un socle partagé. De part et d’autres de la salle, les voix sont enjouées et les murs couverts d’idées en post-it colorés. Depuis mon cercle de 8 personnes, je tente d’imaginer la masse de propositions notées, déjà discutées dans les autres groupes… Les séquences sont rythmées et productives.
Il se passe vraiment quelque chose, ici et maintenant.
Les heures sont passées dans un cillement de paupières. Nous étions 250 en cette soirée du 12 novembre 2024. Ce n’est qu’un début et sans aucun doute, pour moi, une rencontre véritable de cette ville.